mercredi 20 décembre 2017

Salut camarade sexiste !

par Guillaume

La vague de dénonciation des violences sexistes continue son chemin et c'est tant mieux. Certains hommes ont désormais des coulées de sueurs froides entre les omoplates. Jadis persuadés qu'ils étaient séduisant, très drôle ou légitime, ils se demandent maintenant si on va toujours croire que leurs blagues salaces réitérées « étaient de l'humour » ou leur mains aux fesses étaient de « la séduction. »

Ces violences et le sentiment d'impunité qui les accompagnaient jusqu'à présent, touchent tous les secteurs de la société, tous les milieux socio-culturels et tous les bords politiques. Oui, tous les bords politiques y compris la gauche radicale, y compris nos groupes militants. Faites un tour sur le trumblr « Salut camarade sexiste », dont nous empruntons le titre pour ce billet, pour juger du boulot qui reste à faire (même si je trouve certains exemples assez capilo-tractés, mais qui suis-je, moi, homme blanc hétérosexuel, pour juger ?)

Cette lumière portée sur ce fléau sexiste, les différentes affaires qui éclatent au sein des MJS et de l'Unef, à des époques où moi et mes potes gauchistes les attaquions sur tous les fronts mais pas celui-là, tout ceci nous pousse à faire notre examen de conscience, nous, hommes blancs hétérosexuels, en tant qu'individus et aussi en tant que militants. Ai-je été lourd ? Ai-je eu un jour un comportement déplacé ? Ai-je fais des abus de pouvoir dans le cadre de mes responsabilités politiques ou syndicales ?

Je vous avoue que je cherche et que je ne trouve pas d'éléments correspondant aux dénonciations que j'entends dans les médias et lit dans les réseaux sociaux. Rien de croustillant à vous servir. Pas de confession honteuse. Peut-être ai-je un filtre hétéro-normé qui m'empêche de déceler des attitudes critiquables ?

Il me revient cependant une anecdote vécue au début de mon engagement dans le syndicalisme étudiant. A mes yeux, elle est plus synonyme de désinvoltures et d'idioties immatures que de violence sexiste, jugez-vous même, faites un effort bande de branleurs et branleuses (vous voyez que l'écriture inclusive n'est pas indispensable, fin de la parenthèse).

Le groupe d'ultra-gauchistes auquel j'adhérais alors était composé de deux tiers d'éléments masculins. On nous présente un jour une étudiante qui souhaite rejoindre notre section syndicale. Elle commence à se politiser et voudrait agir. Elle viendra le lendemain en réunion pour se faire une opinion. Pour préserver son anonymat, nous l’appellerons ici... « Bomba Latina ». Les camarades présents louchent, déglutissent puis bégaient quelques salutations. Durant la journée suivante, le mot circule entre militants qu'une beauté interdite par les conventions de Genève sera présente à la réunion du soir.

Alors qu'une réunion syndicale classique réunissait six ou sept pimpins, c'est une quinzaine de crevards qui viennent ce soir-là mettre à jour leurs cotisations.

La réunion fut un désastre.

Tous les mecs tentèrent d'attirer l'attention de Bomba Latina. Qui en vantant son engagement, qui en surenchérissant son radicalisme, comme si c'était une preuve de virilité, qui en blaguant, tous en se coupant la parole, se chambrant, en dévalorisant joyeusement les autres prétendants. Le secrétaire, incapable de faire avancer la réunion, s'arrachait les cheveux. Les autres filles présentes, dans l'impossibilité de placer un mot, faisaient des moues consternées. Ce fut une querelle de coqs dopés aux hormones. Nous fûmes ridicules.

Bomba Latina ne revint jamais à d'autres réunions. Nous étions tous conscients de notre responsabilité mais même notre auto-critique ne fût pas à la hauteur. Quand on se remémorait cette réunion, on se tapait du coude en ricanant :  « Rhôoo ! Qu'est-ce qu'on était cons » [rires gras]

Bien des années plus tard seulement, cette pathétique réunion nous avait inspiré le point 11 des 10 anti-commandements.

Je me demande si Bomba Latina a fini par s'engager quelque part, si elle a trouvé un groupe où elle se sent à l'aise pour militer.

Faudrait que je la recherche sur Facebook...






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