vendredi 22 décembre 2017

Matthéo, 14 ans, refuse toujours de rendre les identifiants du site Révolution Permanente.

par Jean-Paul

Situation de crise chez nos camarades de Révolution Permanente. Depuis trois jours, Matthéo, le petit cousin d'un rédacteur, a verrouillé l'accès à la partie conception du site d'information d'extrême-gauche. Enfermé dans sa chambre, il publie toutes sortes d'articles sans aucun contrôle démocratique. La rédaction s'organise pour trouver une issue à cet incident pour le moins embarrassant.


« On était justement en train de rigoler à propos de cette polémique débile sur la ''crinière de lionne de Miss France'' quand on a vu apparaître sur notre propre site un article reprenant ce thème » nous confit un camarade de RP. « Ça parlait même de racisme d’État, j'vous garantie qu'on a tous changé de couleur à ce moment-là ! ».

En remontant le fil des publications, la rédaction consternée s'aperçoit que ce premier article n'est que la partie immergée de l'iceberg. Griezman, l'écriture inclusive, ACAB, ce sont plusieurs dizaines de publications caricaturales au ton puéril qui parasitent le site. Toute modification est impossible, identifiants et mots de passe ont été changés.

« C'est l'article condamnant la hausse du prix du tabac qui a trahi l'identité de l'auteur, poursuit le cousin du saboteur en herbe. Matthéo fume des roulées en cachette et il s'était emporté quelques jours auparavant contre les nouveaux tarifs ».

Ni une ni deux, la rédaction de RP a constitué deux commissions. Tandis qu'un premier groupe tente de résonner l'adolescent qui passe en boucle du Keny Arkana, barricadé dans sa chambre, les militants les plus doués aux mots fléchés essaient de craquer les nouveaux codes. « On a d'abord testé les mots de passe classiques dans nos milieux : lenin1917 ; barcelona1936 ; workingclasshero ; 1871... mais ça n'a rien donné, se désole un militant. Actuellement on expérimente des anagrammes avec des noms d'anarchistes et de chanteurs de reggae, les références idéologiques sont encore fluctuantes à cet âge-là. ».

Mais quelles sont les motivations de notre apprenti putschiste ? Contacté par téléphone, celui-ci nous explique : « De toute façon, à RP, c'est que des soss'dem' ! J'ai lu leurs textes, et ben y'a aucune mention de l'armement du prolétariat ou du contrôle ouvrier de la production végan. Quand on en arrive à un tel niveau de compromission, on est prêt à tout pour obtenir des postes dans des partis de l'extrême-gauche de la bourgeoisie. » Et Matthéo de prédire encore : « J'suis sûr qu'ils s'raient capables de s'allier avec l'aile droite du CCR ou avec ces réformistes de la majo du NPA, j'suis trop dég' ! » Sa conclusion semble sans appel :« Du coup, j'ai piqué les codes à mon cousin, et maintenant je publie une vraie information marxiste-léniniste révolutionnaire ! ».

Du côté de Révolution Permanente, le blocage de la situation commence à en énerver plus d'un. « Si l'un d'entre nous savait se servir d'un pied de biche, il se prendrait une sacrée avoinée ce p'tit c... ! tempête un militant. « C'est vrai qu'on est des gauchistes mais pas à ce point-là quand même, non ? »

Dans l'attente d'un dénouement, le courant anarcho-droitier exprime toute sa solidarité à nos camarades de Révolution Permanente. 



mercredi 20 décembre 2017

Salut camarade sexiste !

par Guillaume

La vague de dénonciation des violences sexistes continue son chemin et c'est tant mieux. Certains hommes ont désormais des coulées de sueurs froides entre les omoplates. Jadis persuadés qu'ils étaient séduisant, très drôle ou légitime, ils se demandent maintenant si on va toujours croire que leurs blagues salaces réitérées « étaient de l'humour » ou leur mains aux fesses étaient de « la séduction. »

Ces violences et le sentiment d'impunité qui les accompagnaient jusqu'à présent, touchent tous les secteurs de la société, tous les milieux socio-culturels et tous les bords politiques. Oui, tous les bords politiques y compris la gauche radicale, y compris nos groupes militants. Faites un tour sur le trumblr « Salut camarade sexiste », dont nous empruntons le titre pour ce billet, pour juger du boulot qui reste à faire (même si je trouve certains exemples assez capilo-tractés, mais qui suis-je, moi, homme blanc hétérosexuel, pour juger ?)

Cette lumière portée sur ce fléau sexiste, les différentes affaires qui éclatent au sein des MJS et de l'Unef, à des époques où moi et mes potes gauchistes les attaquions sur tous les fronts mais pas celui-là, tout ceci nous pousse à faire notre examen de conscience, nous, hommes blancs hétérosexuels, en tant qu'individus et aussi en tant que militants. Ai-je été lourd ? Ai-je eu un jour un comportement déplacé ? Ai-je fais des abus de pouvoir dans le cadre de mes responsabilités politiques ou syndicales ?

Je vous avoue que je cherche et que je ne trouve pas d'éléments correspondant aux dénonciations que j'entends dans les médias et lit dans les réseaux sociaux. Rien de croustillant à vous servir. Pas de confession honteuse. Peut-être ai-je un filtre hétéro-normé qui m'empêche de déceler des attitudes critiquables ?

Il me revient cependant une anecdote vécue au début de mon engagement dans le syndicalisme étudiant. A mes yeux, elle est plus synonyme de désinvoltures et d'idioties immatures que de violence sexiste, jugez-vous même, faites un effort bande de branleurs et branleuses (vous voyez que l'écriture inclusive n'est pas indispensable, fin de la parenthèse).

Le groupe d'ultra-gauchistes auquel j'adhérais alors était composé de deux tiers d'éléments masculins. On nous présente un jour une étudiante qui souhaite rejoindre notre section syndicale. Elle commence à se politiser et voudrait agir. Elle viendra le lendemain en réunion pour se faire une opinion. Pour préserver son anonymat, nous l’appellerons ici... « Bomba Latina ». Les camarades présents louchent, déglutissent puis bégaient quelques salutations. Durant la journée suivante, le mot circule entre militants qu'une beauté interdite par les conventions de Genève sera présente à la réunion du soir.

Alors qu'une réunion syndicale classique réunissait six ou sept pimpins, c'est une quinzaine de crevards qui viennent ce soir-là mettre à jour leurs cotisations.

La réunion fut un désastre.

Tous les mecs tentèrent d'attirer l'attention de Bomba Latina. Qui en vantant son engagement, qui en surenchérissant son radicalisme, comme si c'était une preuve de virilité, qui en blaguant, tous en se coupant la parole, se chambrant, en dévalorisant joyeusement les autres prétendants. Le secrétaire, incapable de faire avancer la réunion, s'arrachait les cheveux. Les autres filles présentes, dans l'impossibilité de placer un mot, faisaient des moues consternées. Ce fut une querelle de coqs dopés aux hormones. Nous fûmes ridicules.

Bomba Latina ne revint jamais à d'autres réunions. Nous étions tous conscients de notre responsabilité mais même notre auto-critique ne fût pas à la hauteur. Quand on se remémorait cette réunion, on se tapait du coude en ricanant :  « Rhôoo ! Qu'est-ce qu'on était cons » [rires gras]

Bien des années plus tard seulement, cette pathétique réunion nous avait inspiré le point 11 des 10 anti-commandements.

Je me demande si Bomba Latina a fini par s'engager quelque part, si elle a trouvé un groupe où elle se sent à l'aise pour militer.

Faudrait que je la recherche sur Facebook...






mercredi 13 décembre 2017

Unité !

Les obsèques d’un célèbre rocker exilé fiscal ont un point commun avec les finales sportives : le mépris inter-classe. On connaît tous le mépris de classe, celui du grand-bourgeois ricanant à propos de la vulgarité populaire. On s’accommode pourtant des discours ou des sentences en cent quarante caractères transpirant l’aigreur de ne pas voir autant de monde à nos manifs.

S’il y a plus de participants aux funérailles de Djohnny que pour défendre le code du travail, c’est d’abord la faute des syndicats et orga de gauche qui sont pas assez convainquants, et puis merde.
Pourquoi se créer des barrières supplémentaires ? Entre beaufs et bobos, entre racailles et bouseux, intellos et prolos …

Faudra nous expliquer en quoi traiter les gens pascommenous de moutons, débiles ou gros beaufs est une bonne entrée en matière pour ensuite les encourager à nous rejoindre dans nos combats politiques et sociaux.

On en a déjà parlé et là, donc on s’attarde pas.

Chez les anarcho-droitiers, sous ton T-shirt avec un aigle américain, tu restes un camarade !




samedi 2 décembre 2017

L'Anticapitaliste Presse fête son 1000e article critique sur Mélenchon

par Jean-Paul

Chaude ambiance à l'imprimerie de Montreuil ce mercredi soir. Toute l'équipe de l'hebdomadaire du NPA s'est réunie pour fêter la parution du millième article expliquant pourquoi Jean-Luc Mélenchon se trompe.

« Ça fait chaud au cœur, nous confit un membre de la rédaction, c'est le fruit d'un travail constant et méticuleux ». Tandis que les bouteilles de Clairette circulent de groupe en groupe, notre interlocuteur poursuit : « En même temps, ce thème, c'est une sécurité pour nous. Chaque semaine on sait qu'on peut compter sur deux ou trois articles expliquant pourquoi le Front de Gauche, la FI ou Méluche ne sont pas de vrais révolutionnaires. On peut ainsi meubler les colonnes du journal ».

C'est aussi cet aspect réconfortant qui a séduit Cassiopée, militante du NPA descendue à l'imprimerie pour ''chercher des feuilles'' : « C'est vrai que quand on sort d'un CN où on a passé cinq heures à se pouiller la tête entre tendances, ça fait du bien de lire qu'on est plus intelligent que les insoumis. Ce thème c'est un peu notre doudou ».

Mais quel est le secret d'une telle constance ?

La soirée avançant, les langues se délient. Un vieux militant finit par se confier : « L'idée nous est venue par des camarades de la quatrième internationale d'Haïti. Là-bas ils pratiquent le Vaudou incantatoire. Tu désignes un ennemi et tu récites les malheurs qui vont lui arriver. Au début bien sûr on y croyait pas, mais vu qu'on avait rien à perdre, on a tenté le coup avec le Front de Gauche. Dès 2009 on a expliqué que ça marcherait jamais. Eh ben crois-moi, crois-moi pas, en 2016, ça c'est réalisé ! ».

Au détour d'une chenille, nous interceptons Cricri qui nous confirme cette version : « Bien sûr, on s'est débarrassé du folklore d'origine. On va pas égorger une poule noire chaque semaine, on a arrêté ça très vite. C'est pas très matérialiste, n'empêche, beaucoup de camarades y croient maintenant. Moi par exemple, ça va faire cinq ans que j'écris que les meeting du NPA sont des succès... je compte bien le voir se réaliser un jour ! »

Nous l’espérons avec eux.